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Pline et Ia peinture d'époque romaine
Dans son Histoire de Ia peinture, qui occupe les 150 premiers paragraphes du livre 35l, Pline se pose, à l'évidence, en laudator temporis acti, et considère que Ia peinture de son temps est moribonde2. S'il dit explicitement que Ia gloire artistique doit aller à ceux qui ont peint des tabulae3, tant au pinceau qu'à l'encaustique4, c'est bien sûr aux peintres grecs des ve et iv" siècles a.C. qu'il songe, et il passe en revue les principaux d'entre eux à partir du § 53, en essayant de les classer selon leur importance, cela non sans difficulté. Mon propos sera ici de chercher à préciser, dans cette histoire de Ia peinture, qui est donc essentiellement celle de Ia grande époque grecque, Ia nature et l'éventuelle originalité d'artistes appartenant au monde romain: encore faut-il préciser les limites chronologiques de cette enquête
1 Cf. Structure du livre 35 in Croisille, éd. (Budé), p. llss. 2 NH 35, 28: Hactenus dictum sit de dignitate artis morientis-. cette remarque, faite tout au début du livre, vient après Ia mention de tableaux de Nicias et Philocharès, peintres grecs du ive siècle, dont Auguste avait fait placer deux tableaux dans Ia Curia lulia. Pline vante donc Ia dignttas de telles oeuvres, dont ¡a première était sans doute un ex-voto qu'avait fait exécuter un vainqueur à Ia course de char lors des Jeux Néméens, et Ia seconde un autre tableau votif (selon Ia supposition d'A. Reinach, Rec. Milliet, p. 301, n. 3), remarquable par Ie traitement des deux personnages —père et fils— qui y figuraient. Comment comprendre, dans ce contexte, Ie terme de dignitas? Sans doute par référence à Ia parfaite adéquation des sujets à l'intention de l'oeuvre. Dignitas évoquerait donc Ie prépon: cf. A. Michel, Rhétorique et philosophie chez Cicéron. Essai sur les fondements philosophiques de l'art de persuader (Paris 1960) p. 310 ss., et particulièrement p. 317 s. Pline cependant ne semble guère avoir réfléchi sur Ie pulchrum et l'aptum. 3 NH 35, 118: après avoir parlé de Studius, auteur d'une amoenissimam parietum picturam de thème paysagiste, Pline IuI refuse Ia gloire artistique: Sed nulla gloria artificum est nisi qui tabulas pinxere-. c'est condamner toute Ia peinture de son temps, qui était essentiellement peinture de parois. 4 Sur les procédés de peinture, cf. NH 35, 49 et notes ibid.; 149 et notes ibid. (Croisille, éd.).
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