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Pline et l'historiographie latine
Ce peut sembler une gageure que de vouloir parler de «Pline l'Ancien et l'historiographie latine», alors que précisément les deux grands ouvrages historiques de Pline, son Histoire des guerres de Germanie en 20 livres et sa Continuation d'Aufidius Bassus en 31 livres sont perdus et qu'il ne nous en reste aucun fragment; tout au plus quelques vagues allusions y sont-elles faites dans les textes anciens. Ce n'est pas pour jouer Ia difficulté, moins encore —ce procédé a depuis longtemps passé de mode— pour tenter de reconstituer ou de deviner certains éléments des oeuvres disparues que nous entreprenons cet exposé. Nous nous sommes simplement fixé pour but d'essayer de retrouver, à travers l'Histoire Naturelle, les traces de Ia double méthode historique que Pline nous paraît avoir conçue: d'une part, celle de l'histoire «traditionnelle», à caractère essentiellement politico-moral, où Ie récit des guerres occupe une large place et où, conformément à l'usage annalistique, les événements sont racontés dans l'ordre chronologique (ordo rerum); d'autre part, celle d'une histoire qui privilégie les realia et s'intéresse à l'ensemble des activités humaines et au cadre oû elles s'exercent, telle que des ouvrages surtout biographiques, comme les Vies des Césars de Suétone et l'Histoire Auguste nous permettent d'en imaginer Ie principe, proche à certains égards de celui qui inspire ce qu'on appelle aujourd'hui l'histoire «non événementielle». Une telle tentative n'est, croyons-nous, ni aberrante ni désespérée. L'Histoire Naturelle est aussi, comme son nom l'indique, une histoire, histoire de Ia nature prise dans son
l Toutes les traductions sont —sauf de rares exceptions— empruntées aux éditions de Ia C.U.F.
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