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Deux hébraïsants à Louvain: Jean Campensis et Nicolas Clénard
C'est vers Ia fin du xvème siècle que l'Europe occidentale commence à s'intéresser à l'hébreu '. Aussitôt, on a besoin d'outils de travail, grammaires et dictionnaires 2. Parallèlement, l'enseignement public de l'hébreu se met en place dans les collèges trilingues et les universités 3. Les premiers auteurs d'ouvrages grammaticaux, qui ont souvent étudié auprès de juifs (convertis ou non), se trouvent placés devant une tâche délicate: ils doivent adapter pour Ie lecteur latin des oeuvres rédigées en hébreu pour Ie public juif. On sait que Ia tradition grammaticale hébraïque commence avec Sa'adya Ga'on, se poursuit avec les grandes oeuvres des Xe et xie siècles écrites en arabe 4 puis traduites en hébreu notamment par Abraham Ibn Ezra 5, et trouve son aboutissement au début du xiif siècle, avec
1 Sur l'histoire de Ia grammaire hébraïque en général, voir Barr & Téné 1971. Sur les hébraïsants chrétiens, Lœwe 1971. Sur l'histoire de Ia grammaire en Europe, S. Auroux [éd.] 1992. Sur Ia grammaire hébraïque au XVIe siècle: Kukenheim 1951 et Garcia-Jalon 1998. 2 Ce processus de «grammatisation» n'est pas propre à l'hébreu, il touche aussi les vernaculaires et les langues nouvellement découvertes. Voir l'introduction de S. Auroux à l'ouvrage cité (note précédente). 3 Sur Alcalá, voir Garcia-Jalon 1998, 34 et Saenz-Badillos 1990; sur Louvain, de Vocht 1951-55; sur Paris, Lefranc 1893 et Kessler-Mesguich 1998. Sur l'enseignement de l^ébreu en Allemagne, v. Geiger 1870. 4 Ce sont les travaux de Hayyugh (seconde moitié du Xe s.), et Ibn Ghanah (première moitié du xr* s.). Voir VaIIe Rodríguez 1976, Sáenz-Badillos & Targarona Borrás 1988. 5 V. Bacher 1882 et Valle Rodriguez 1977.
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