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Poussin aurait-il Iu Pline?
La question est légèrement ironique et impertinente, puisque nous ne traiterons de Pline que par Ie biais, quelque peu vaine aussi. Principalement parce que les témoignages sur Ia culture latine de Poussin sont assez contradictoires. Aussi suivrons-nous H. Bardon dans ses conclusions: «Poussin ne fut pas véritablement un latiniste. Cepen dant il a su de latin ce qui était nécessaire pour se reporter en cas de besoin aux textes mêmes, et y contrôler ou préciser ce que lui offraient d'ordinaire les traductions. L'érudition en mythologie et en histoire que lui reconnaît Mancini, il ne l'a pas acquise, pour l'essentiel, directement» 1. Certes, Poussin, dans une lettre à Chantelou du 25 aviil 1644, semble se référer directement à un passage de Ia ATH de Pline, concernant Ie peintre Apelle: sunt inter opera eius et exspirantium imagines2, lorsqu'il déclare-. «Je travaille gaillardement à l'Extrême Onction, qui est en vérité un sujet digne d'un Apelle (car il se plaisait fort à représenter des transis)» 3. Mais, soit dit avec quelque irrévérence, ce n'était un mystère pour personne. En fait, il nous intéresse plus d'étudier comment les hagiographes de Poussin, au xvne siècle, utilisent deux témoignages pliniens, l'un sur Apelle, l'autre sur Timanthe,
1 'Poussin et Ia littérature latine', in Nicolas Poussin, ouvr. publié sous Ia dir. d'A. Chastel (Paris 1960) t. 1, p. 126. 2 NH 35, 90 (ed. Loeb, p. 328). 3 Cf. Nicolas Poussin, Lettres et propos sur l'art, textes réunis et présentés par A. Blunt (Paris 1964) p. 93.
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