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Existe-t-il une philosophie du droit chez Pline?
Pline l'Ancien n'est plus pour nous un compilateur crédule et dépourvu de personnalité: des travaux récents ont fait ressortir Ia culture, Ia finesse et Ia réeUe originalité de cet écrivain l. D'enquête sur les phénomènes naturels, Ia NH devient ainsi Ie lieu d'une réflexion globale sur l'homme et ses réalisations, sur Ia technique et Ia civilisation: il y a place pour un Pline grammairien, un Pline historien, un Pline esthète. Peut-on encore continuer une telle recherche et se demander si notre auteur s'intéresse aussi aux moeurs et aux usages sociaux, aux règles qui fondent et organisent Ia vie en commun? De toute évidence, Ia NH ne ressemble en rien à un manuel de droit. Mais, si ténue que semble être Ia place des références juridiques, elle n'en est pas moins indéniable: Pline ne manque pas de mentionner un certain nombre de règles de droit, cite et utilise les juristes, s'interroge sur les lois ,et les moeurs; autant de données qui nous invitent à examiner de plus près Ia façon dont il aborde ces questions, à Ie replacer dans les débats de son temps, à nous demander enfin s'il nous propose une réflexion personnelle dans ce domaine. A Ia différence d'encyclopédistes comme Varron ou Celse2, Pline n'a laissé aucun livre portant explicitement sur Ie droit, comme Ie fait voir Ia liste de ses oeuvres établie par son neveu. Peut-on cependant admettre raisonna-
1 Voir notamment les actes du colloque tenu à Côme en 1979: Plinio il Vecchio sotto il profilo storico e letterario (Còme 1982). 2 La plupart des encyclopédistes ont en effet laissé un ouvrage sur Ie droit; voir P. Grimal, 'Encyclopédies antiques', Cahiers d'histoire mondiale, 9 (1965) pp. 459-82.
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