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Deux traditions sur Ia «vie contemplative» chez Hilaire de Poitiers
Les auteurs d'études d'ensemble sur Ia «vie contemplative» dans l'Antiquité semblent considérer que son essor a connu un hiatus entre Plotin et Augustin ou les Cappadociens 1. Erreur! puisque ne serait-ce que chez Origène, Ie problème des rapports de Ia theoria et de Ia praxis est nettement poséz. Du côté des Latins, d'autre part, s'il est vrai que ce sujet semble avoir laissé indifférents les apologistes 3, comment n'aurait-il pas émergé dans l'éthique chrétienne qui se constitue au IVe siècle en s'adossant peu ou prou à Ia tradition classique? Effectivement, l'oeuvre d'Hilaire de Poitiers, pour ne parler ici que d'elle, soulève, dans sa partie exégétique, Ia question du bien-fondé de Ia «contemplation» hic et nunc4: c'est ce que font deux textes des Tractatus super psalmos en prenant, il est vrai, des directions opposées, qui, l'une et l'autre, ne semblent rien devoir à un possible modèle origénien 5,
1 Cf. A. Grilli, /( problema della vita contemplativa nel mundo grecoromano (Milano 1952) 303-4; R. JoIy, Le thème philosophique des genres de vie dans l'antiquité classique (Bruxelles 1956) 170-73. 2 Cf. H. Crouzel, Origène et Ia connaissance mystique (Bruxelles-Paris 1959) 436-37, lequel cite deux textes (Fragm. in Luc. 10, 38, in GCS 9, 298 et Hom. in ler, 20, 8 in GCS 3, 189) montrant qu'Origène ne dissocie pas action et contemplation, mais que celle-ci doit être recherchée pour elle, si l'actlon Ia rend impossible. On consultera aussi sur Ie sujet W. Völker, Dos Volkommenheitsideal des Origenes (Tübingen 1931) 192-96, 3 Lactance l'évoque comme un dilemme passé où de «très grands orateurs» (c.à d.Cicéron) se sont trouvés pris: cf, lnst. 1, 1, 11. 4 Une question limitrophe est posée dans 17n psalmum 64, celle de Ia relation entre l'officium de Ia prière et Ia delectatio de Dieu: cf, J. Doignon, 'Le texte de Ps. 64, 9 et son application à Ia prière chez Hilaire de Poitiers, A propos d'une étude récente', in RSLR, 16 (1980) 418-28. 5 C'est du moins Ia conclusion qui ressort de l'examen balisé par Biblia patristica 3, 171 et 191 des commentaires incontestablement origéniens des deux versets du Psautier dont nous allons étudier Ia résonance chez Hilaire.
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