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La rhétorique et l'imagination dans Ia IXe Héroide (Déjanire à Hercule)
Les Héroïdes d'Ovide forment un ensemble original dans Ia littérature latine parce qu'il s'agit de lettres de femmes qui, en un point de non-retour (crime, suicide, ou les deux à Ia fois), s'adressent, chacune, à l'homme qui les abandonne. Ce que je voudrais étudier particulièrement dans Ia neuvième héroïde ^dont H. Jacobson, semble avoir définitivement établi l'authenticité ] — ce sont les imbrications, contradictoires ou coordonnées, de Ia rhétorique, c'est-à-dire d'une mise en forme selon les règles, et de l'imagination, c'est-à-dire d'une spontanéïté contrôlée du plus profond par Ie déterminisme du mythe ou du subconscient. Après avoir interrogé Ia construction apparente de Ia pièce, je tâcherai d'analyser les procédés rhétoriques, puis les éléments appartenant au domaine de l'imaginaire, avec Ie souci d'insister sur Ie réseau de liens qui les réunit 2 . Si l'on examine de près Ia structure du poème —qui est statique dans l'ensemble 3 puisque nous sommes au moment immédiat de l'avant-drame et que les sentiments de Déjanire mènent leur vie propre en dehors de toute intervention de Ia raison ou de Ia volonté —on s'aperçoit qu'elle est tout entière fondée sur Ie temps, avec des allées et venues du présent au passé, et réciproquement, qui cons1 Voir H. Jacobson, Ovid's Herotàes (Princeton 1974) p. 228 et suiv. avec bibliographie commentée. Voir aussi H. Dorrie, P. Ovidii Nasonis Epistulae Heroidum (Berlin-New York 1971) p. 127 et suiv. 2 Toutes les citations de Ia 9e héroïde seront faites d'après l'édition H. Dorrie. 3 Voir H. Jacobson, op. cit., p. 229.
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