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Pline et les philosophes
Le portrait que Pline Ie Jeune a tracé de son oncle, dans une lettre trop célèbre, est loin d'avoir servi Ia réputation du Naturaliste. Il Ie fait apparaître comme un érudit un peu ridicule, une sorte d'archiviste plus maniaque qu' intelligent, se hâtant à travers les livres pour recueillir, sans discernement, Ie plus grand nombre possible de faits, sans se préoccuper de bien les comprendre car il ne se donne pas Ie temps de Ie faire. Ce n'était probablement pas là tout ce que Ie neveu pensait de l'oncle, mais c'est souvent tout ce qu'en a retenu Ia postérité. L'HN ne serait, dit-on souvent, qu'un amas de fiches juxtaposées sans ordre ni méthode et, surtout, sans critique, et l'on se refuse à y découvrir Ia moindre pensée directrice. A plus forte raison ne veut-on pas qu'il soit question d'une «philosophie de Pline». M. De SaintDenis, par exemple, dans son Introduction au livre 9 1 , après avoir énuméré chez son auteur ce qu'il qualifie de timides tentatives de pensée personnelle, conclut: «cela ne demandait ni philosophie profonde ni semblant de métaphysique», et l'on pourrait multiplier de telles affirmations, recueillies ici ou là, à propos des autres livres. Pourtant, Pline ne pouvait échapper à l'omniprésence de Ia philosophie dans Ia Rome de son temps, et l'on rencontre assez souvent dans son oeuvre des allusions, plus ou moins rapides, aux débats poursuivis autour de lui. Par exemple ceux qui portent sur Ie nature de Dieu2. De plus, chaque fois qu'il s'agit de trouver une cause à tel ou tel phénomène, il se réfère à une explication de Ia philosophia naturalis, acceptant l'existence des quatre éléments.
1 Edition p. 19. V. aussi F. Taeger, Charisma (Stuttgart 1960) II, p. 489. 2 2, 27: uulgata propter adsiduam quaestionem de deo.
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