|
Contingence historique et rationalité de Ia loi dans Ia pensée cicéronienne
Le problème que nous nous proposons de formuler, sinon de résoudre, résulte de Ia juxtaposition, dans Ia pensée de Cicéron, de deux thèses, fréquemment affirmées par lui, concernant, l'une, Ie devenir historique, l'autre Ia nature de Ia Loi. Ces thèses se trouvent dans plusieurs ouvrages, écrits à des dates différentes; nous aurons ainsi à considérer Ie De oratore, Ie De republica, Ie De fato et Ie De legibus. Quoi qu'il en soit de Ia date attribuée à ce dernier traité 1 — celle de 52 ou 51 paraît Ia plus vraisemblable — il n'en reste pas moins que Ie De fato date, lui, de l'année 44, et, par conséquent, les témoignages que nous aurons à invoquer sont échelonnés sur une période de temps assez considérable — environ onze années, et c'est là un fait que nous ne devrons pas oublier. D'autant moins que cette période a été marquée par des événements importants, l'histoire de Rome offrant alors ample matière à réflexion. Dans Ie De oratore, Cicéron fait prononcer par Crassus un éloge du droit civil, et l'on sait que ce même Crassus exprime Ie voeu que soit rédigé un traité dans lequel les règles particulières du droit seraient recueillies et classées, selon Ia méthode propre aux philosophes, par genera et species2. Cela permettrait d'établir un ars du droit civil, une ^xVYl comme il en existait pour Ia géométrie, l'astronomie, etc. La matière du droit, c'est-à-dire l'ensemble des formules ayant force de loi, est Ie résultat de l'usage quotidien, et non d'une réflexion a priori: on Ia rencontre
1 V. Peter Lebrecht Schmidt, Die Abfassungszeit von Ciceros über die Gesetze (Rome 1969). 2 De oratore I 42, 187 et suiv. Schrift
|