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PERPECTIVES SCOLASTIQUES SUR LA RHETORIQUE DE LA PENSÉE
«Et ¡d quoque sapientes Latinae linguae authores satis perspexcrunt, cum Romanos ita locutos esse sciamus, ut «quaestionem nominis et definitionis» promiscue dicerent; et tunc quaerebant quid, verbo prolato, in communi hominum mente excitaretur.»
GIAMBATTISTA VlCO '
1. On choisit d'appelerphilosophie première Ia science des noms suprêmes de ¡a pensée. Selon son idée, une telle science précède toute «appréhension» des principes, dans l'ordre de Ia vérité comme dans l'ordre de l'existence. Considérée de ce point de vue, l'architectonique de tradition scolastique recontre nécessairement Ia philologie humaniste La philosophie scolastique a perpétué loin dans Ie temps, jusqu'à nous, l'idéal d'une pensée parprincipes. On pourrait même avancerqu'elle a constitué Ie fond sur lequel se sont détachées les grandes révolutions intellectuelles affectant Ia philosophie première. Philosophie scolaire, elle a répété sans se lasser l'architectonique d'un rationalisme qu'on appellera classique, sans maîtriser cependant l'écart croissant entre Ia forme statique qu'elle imposait aux frontons de Ia philosophie et l'esprit du temps dans lequel elle prétendait faire valoir son exigence. Elle s'est montrée ainsi étrangère aux entreprises les plus novatrices, depuis Descartes à coup sûr et peut-être déjà depuis Pétrarque. Mais par cette étrangeté même, elle se trouvait accueillante aux méthodes de pensée les plus différentes, dans Ia mesure où elle en constituait toujours Ia forme d'expositon traditionelle, à tout Ie moins par Ia juridiction qu'elle gardait sur Ie latin philosophique. Elle a valu comme Ia rhétorique attendue des entreprises les plus libres de Ia pensée. Ces remarques pourraient suggérer que pour une part Ia pensée par principes et Ia dialectique du fondement qu'elle suscite se résument dans cette perspective à Ia prégnance d'une forme d'exposition du savoir. La
1 De antiquíssima italorum sapientia, 1. I, cap, I, parágrafo. 2.
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