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Un locus desperatus chez Pline l'Ancien
Un passage du livre 7 de YHistoire naturelle de Pline tient les éditeurs divers en grand état de perplexité. Il s'agit de Ia phrase que Ie dernier éditeur, R. Schilling, considère comme désespérée: Atque etiam morbus est aliquis per sapientiam mori. Il Ia traduit pourtant: «II y a même une maladie, qui provoque Ia perte de Ia raison»1 (§169-170). La note ne rend pas compte de cette traduction curieuse. Schilling y constate, ajuste titre, que cette phrase a donné lieu à d'innombrables exégèses, dont il nous propose quelquesunes. Toutefois, écrit-il, «abstraction faite du sens qu'elle peut avoir», cette phrase «interrompt Ia logique du développement» Il «incline donc, avec A. Ernout, à Ia considérer comme une addition intempestive» 2 . Cette notion d'interruption est en effet très importante, et nous tenterons de Ia résoudre. Il faut, bien entendu, élargir Ie champ de vision et replacer Ia phrase dans un large contexte. Pline énumère quelques façons de mourir. «Mais, par Hercule, Ie reste des hommes 3 , contrairement aux autres êtres vivants, ressent, à des heures réglées4 (certis... horis) une fièvre ou un froid pernicieux, (pestifer calor... aut rigor)5 qui leur parcourent toutes les parties du corps: ces accès ont lieu non seulement à des heures réglées, mais aussi à des jours et des nuits, —tous les trois ou quatre jours (sed et diebus noc.tibusque
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Pline l'Ancien, H.N. 1, ...par R. Schilling, Paris, Belles Lettres 1977. § 169, n. 1, p. 226. Les italiques sont de Schilling. Mis à part Xénophile Ie musicien... C'est l'expression de Littrc, Histoire naturelle de Pline, avec Ia tr. en français E. Littré, Paris 1851, t. I. p. 307. Souligné par nous. Pestifer porte, à mon avis, sur calor et rigor.
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