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Des Martyrs au discours á la Chambre des Pairs (Approche de la rhétorique de Chateaubriand) La difficulté el en méme temps la richesse el la modemité de la pensée de Chateaubriand tiennent au subtil point d'équilibre que celui-ci a toujours maintenu entre d'une part, une fidélité inébranlable aux príncipes qui fondent son éthique el, d'autre part, une profonde tolérance qui s'exprime dans sa défense de la liberté, mais aussi dans son approche du sacré I. Si cette tolérance religieuse est passée relativement inaperÇue, la responsabilité doit en étre largement imputée au Génie du christianisme dans lequel l'auteur est bien souvent amené á forcer ses analyses pour aboutir á la conclusion présupposée, la supériorité des ceuvres inspirées par le christianisme sur celles issues du paganisme. Ainsi l'argumention du Génie se trouve-t-elle faussée par un vice de forme rhétorique: l'identité des prémisses el de la conclusion qui caractérise l'enfermement dans le dogmatisme. Chateaubriand ne saurait s'y tenir et les éloges du paganisme qui viennent sourdre de toute part dans le Génie en sont la preuve éclatante. Tout se passe cependant comme si, dans son premier grand ouvrage, l'écrivain s'imposait une forme d'expression trop étroite pour sa pensée, sans parvenir encore á découvrir une écriture assez souple pour en embrasser les nuances. Une évolution s'avére donc nécessaire pour parvenir á la parfaite maitrise des Mémoires qui, comme Fa montré Gilles 1 Voir á ce sujet M. Pinel, La mer et le sacré che: Chateaubriand, Claude Alzieu éditions, Albertville, 1993.

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