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«Andromaque, je pense à vous...» Sur un souvenir virgilien de Baudelaire
Il n'est guère habile de consacrer à des réserves les premières lignes d'un commentaire qui se veut inspiré par l'admiration (et, d'une façon générale, il ne vaut peut-être pas Ia peine de consacrer son temps et ses forces à l'examen d'autre chose que Ia beauté). Cela est entendu. Il n'en demeure pas moins que Ie Cygne, un des plus beaux poèmes des Fleurs du MaI, comporte quelques faiblesses. Que penser de l'allégorie du Travail, dans Ie vers qui Ie montre en train de s'arracher au sommeil:
à l'heure où sous les cieux Froids et clairs Ie Travail s'éveille? (vers 15)
et malgré son utilité pour Ie sujet, il est permis de trouver bien artificielle Ia prosopopèe de l'oiseau:
Et disait, Ie coeur plein de son beau lac natal: «eau, quand donc pleuvras-tu? Quand tonneras-tu, foudre?» (v. 23-24)
Beau et donc sentent Ia cheville; Ie chiasme qui oppose, au début et à Ia fin du vers, les deux monosyllabes paraît bien laborieux. L'éloquence de ce cygne ne passait peut-être pas par Ia parole; l'image n'aurait-elle pu suffire? Ultime question impertinente: que peut bien signifier l'expression «brillant aux carreaux» dans Ia troisième strophe qui décrit Ie désordre des chantiers à Paris?
Je ne vois qu 'en esprit tout ce camp de baraques, Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts, Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques Et, brillant aux carreaux, Ie bric-à-brac confus.
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