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Rhétorique et médecine chcz les grecs. Le cas d'Archigène/
Je limiterai mon exposé au problème suivant: l'expression de Ia sensation douloureuse, pour parler de manière générale. Nous verrons quel sens précis nous pouvons donner à ce problème et comment Ie replacer dans Ia question plus générale de Ia mesure de Ia sensibilité en médecine. Mais ce qui nous intéresse ici est un problème de langage, un problème de définition. Pour être clair encore, nous ne parlerons pas de psychopathologie, où les questions de vocabulaire sont très équivoques. Il s'agit de Ia douleur physique. Et nous allons réfléchir sur un texte particulier: il s'agit de Ia critique que Galien fait du médecin Archigène, à propos de Ia définition de Ia douleur, dans Ie livre II du De locis adfectis (8, K 70 ss. - traduit par Daremberg, t. II, p. 506 ss.) !. Doivent nous intéresser à Ia fois Ia tentative d'Archigène et Ia critique très complète qu'en fait Galien. Archigène est l'un des premiers à avoir écrit sur les lieux affectés2, mais surtout il a soutenu Ia thèse que Ia diffé* Conférence prononcée au Congrès sur L'Histoire de Ia rhétorique, de Florence (Juin 1983). 1 K désigne l'édition de Kühn (Leipzig 1824); D désigne C. Daremberg, Oeuvres anatomiques, physiok>griques et médicales, tome II (Paris 1856). Archigène d'Apamée est un rnédecin grec, fort connu, de l'époque de Trajan. Sur Archigène, cf. M. Wellmann, R.E. Bd. II, 484-86; et Die pneumatische Schule ffierlin 1895), notamment pp. 19ss. et 91 ss. Archigène se rattacherait à l'école «pneumatique (cf. Pseudo-Galien, /ntroductio-14 K 699). Le même texte Ie place parmi les éclectiques (14 K 684). Et ailleurs, on Ie trouve chez Galien avec Héraclide de Tarente, cf. 12 K 534 et 9 K 775, 3, cf. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule (Berlin 1930) 169 (p. 173) et 173 Op. 175). Sur cette double appartenance, cf. D. Leclerc, Histoire de Ia médecine (Amsterdam 1723) p. 506, et C. Daremberg, Histoire des sciences médicales (Paris 1870) p. 238. 2 En trois livres: 9 K 670, D 531.
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