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Virgile et notre temps
Pourquoi encore étudier des auteurs anciens, fussentils éminents? Pourquoi les enseigner encore à une jeunesse éprise de nouveauté, d'évolution, de contestation, et souvent dans un sens révolutionnaire, destructeur a priori du passé? Ces questions se posent, s'imposent à tous, malheureusement, à notre époque, et trop souvent, on perd de vue qu'il y a urgence à fournir des réponses et à proposer les moyens adéquats pour les mettre en oeuvre, si on veut éviter une désaffection croissante envers Ia culture classique. Les classiques ne vivent plus comme naguère de Ia vitesse acquise, et il leur convient de manifester, à l'Université comme dans l'enseignement secondaire général, un progressisme ouvert et équilibré. Il s'impose, bien sùr, de poursuivre l'étude des chefsd'oeuvre antiques parce qu'ils témoignent des richesses fondamentales propres à l'homme de tous les temps. Il convient d'en promouvoir l'essor auprès des jeunes surtout, parce qu'ils leur parlent de problèmes qui sont plus que jamais les leurs, même s'ils se posent en termes différents et au coeur de circonstances nouvelles, et parce qu'ils leur font entrevoir des solutions ou tout au moins des éclairages susceptibles de guider leur pensée et leur vie, avec Ie recul de l'histoire, qui leur confère un autre prestige, un autre impact que ceux de bien des auteurs modernes et contemporains. Et cela prépare à Ia vraie vie. En 1975, on nous demande instamment de préparer des jeunes pour l'an 2000, de les préparer à Ia civilisation technique et socio-économique, s'entend. En 1950, on nous demandait déjà de préparer en ce sens des hommes pour 1975. Et on voit maintenant qu'on s'est grossièrement trompé. Car Ia civilisation technique évolue trop vite, charrie les individus et les théories
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