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Un témoignage de Pline sur l'évolution socioculturelle de son temps (NH 35, 52) Si on se livre à un exercice d'arithmétique quelque peu fastidieux, on s'aperçoit que l'édition du livre 35 de Pline l'Ancien compte, dans l'édition qu'en propose E. SeIlers, un millier de lignes imprimées environ *. Sur ce miUier de lignes, 170 seulement concernent Ia peinture romaine: Ie plus grand nombre (140) est regroupé au début du livre et retrace fort patriotiquement l'évolution de Ia peinture italienne depuis ses origines jusqu'à Tibère. Parvenu au seuil de son temps, Pline interrompt brutalement son exposé historique avec une sentence aussi courte qu'assassine: «j'en ai bien assez dit d'un art décadent», lance-t-il en substance... et il exécute sommairement et sans autre forme de procès son jugement en se lançant dans un exposé sur les problèmes de Ia technique picturale. Le lecteur, frustré, ne trouvera que trente lignes consacrées à Ia peinture contemporaine dispersées dans Ie reste du livre... Au silence de l'érudit sur Ia peinture de son temps, notre documentation archéologique apporte un formidable démenti: son époque est en effet celle où nait et s'épanouit Ie plus fantaisiste et Ie plus divers des styles: Ie IVème; c'est celle où Néron, épris d'esthétisme, encourage tous les arts et les pratique avec autant de délectation que d'ostentation. Ce divorce entre Ie livre 35 et les documents pariétaux conservés a été enregistré depuis longtemps par les spécialistes. Fidèles au texte, ils ont concentré leur analyse sur les pages concernant l'art grec tout en fournissant des explications diverses à Ia censure de Pline: celui^i, * Cet exposé a été rédigé avant Ia parution de l'édition et de Is traduction de J.-M. Croisille (collection Budé).

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