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Jean de Salisbury et Cicéron.
Réflexions sur l'Entheticus maior, VV. 1215-1246
«Parmi les nombreux bénéfices que procure le commerce des lettres, il n'en est pas de plus délicieux que celui en vertu duquel, abolissant tout inconvénient lié á la distance des lieux et des temps, elles mettent en présence les uns des autres des amis...» Tels sont les premiers mots de l'ouvrage majeur du grand humaniste medieval Jean de Salisbury (ca. 1120-1180), le Policraticus. Cette profession de foi —de foi en l'amitié des livres— pourrait assurément servir d'exergue à l'oeuvre d'Alain Michel, qui a dédié á l'évéque de Chartres des pages belles et profondes 2 • Je voudrais pour ma part, en hommage á celui qui perpétue le grande tradition des maitres parisiens dont Jean documente l'origine, présenter quelques bribes du dialogue qu'entretinrent par-delá les siécles deux auteurs qu'il affectionne, l'écrivain du XlIème siécle et Cicéron. Bon connaisseur des auctores classiques —le meilleur, peut-étre, en son siécle—, Jean de Salisbury accorde parmi eux la place d'honneur á Cicéron, en qui ji reconnait, tel Pétrarque deux siécles plus tard, un esprit frére. La recherche
1 locundissimus cien, in multis tum in eo maxime est lirrerarum . fructus quod
omnium interstitiorum temporis exclusa molestia, amicorum sibi inuicem sentiam exhiben! (Jean de Salisbury, Policraticus, prologus, éd., K. S. B. Keats-
Rohan, Tumhout ICCCM 1181, 1993, p. 21). 2 Ainsi, dans La parole et la beauté. Rhétorique el esthétique dans la tradition occidentale, Paris, 1994 2 , pp. 162-164, el, tout récemment, «Autour de Jean de Salisbury. La dignité humaine et l'honneur de Dieu”, dans C. Leonardi (éd.), Gli umanesimi medievali, Florence, 1998, pp. 375-382.
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