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Le blé des hommes d'État
Quels étaient la nature et le degré des connaissances nécessaires aux hommes d'état dans les cités antiques? Et formaientelles un ensemble spécifique, quelque chose comme une «science politique» avant la lettre, embryon ou modéle de celle que les penseurs des Lumiéres et les hommes publics les plus prévoyants du xix'me siécle entreprirent d'instituer et de faire enseigner dans divers pays? La question peut sembler inutile, s'agissant des Anciens. Fondée en demier ressort sur l'échange de paroles, la vie politique des cités passait bien évidemment par la maitrise du discours: l'homme public, ou de gouvernement, et l'avocat avaient en commun la charge de la preuve, la tache de persuader ou de dissuader. Aussi II n'est pas surprenant de trouver les réflexions et les préceptes concernant cene «culture de l'homme d'état» exposés principalement dans les traités de rhétorique qui nous sont parvenus, ou encore signalés dans des ouvrages traitant de l'histoire de l'éloquence ou des orateurs, ou dans des notations circonstancielles d'orateurs ou d'historiens montrant les politiques en situation ou en action. Mais cette rhétorique n'est, en soi, que l'art de raisonner ou l'art de séduire, et méme si sa technique exige un long apprentissage théorique ou pratique, elle ne peut fonctionner á vide; elle doit s'appuyer sur un contenu, sur une matiére qu'elle organise et met en mouvement. Les anciens ont beaucoup médité et beaucoup glosé sur cette question. Que la tonalité prédominante de leurs constitutions fút oligarchique ou démocratique, ils s'étaient bien aperos que leur bon fonctionnement dépendait précisément du
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