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La notice de Pline sur les esséniens (HN 5, 17, 73)
Pline consacre aux Esséniens, cette communauté monastique juive connue par les textes de Philon d'Alexandrie et de Flavius Josèphe, quelques lignes qui, jusqu'en 1947, n'ont pas passionné les érudits. La découverte des manuscrits de Ia mer Morte et les fouilles de Qumran ont cependant ramené son texte au premier plan. Pline est en effet Ie seul auteur ancien, si l'on excepte Dion de Pruse cité par Synésios de Cyrène, à localiser les Esséniens près de Ia mer Morte *. Vers 1962-1963 une série d'articles s'est penchée sur notre texte, toujours pour répondre à Ia question: Qumran est-il un site essénien? 2 On sait en effet que Ia dénomination «essénien» était absente tant des manuscrits que de l'ensemble du matériel archéologique trouvé à Qumran. Maintenant que Ia querelle est apaisée, qu'il est généralement admis que des Esséniens vivaient à Qumran, il faut revenir au texte de Pline. La polémique autour des Esséniens a en effet faussé les perspectives, soit qu'on ait voulu faire dire trop au texte de Pline en fonction de ce qu'on savait par ailleurs, soit qu'on l'ait au contraire traité d'affa1 NH 5, 17, 73 (éd. Jan-Mayhoff, pp. 391-92): «Ab occidente litora Esseni fugiunt usque qua nocent, gens sola et in toto orbe praeter ceteras mira, sine ulla femina, omni venere abdicata, sine pecunia, socia palmarum. In diem ex aequo convenarum turba renascitur, large frequentantibus quos vita fessos ad mores eorum fortuna fluctibus agit. Ita per saeculorum milia —incredibile dictu— gens aeterna, est, in qua nemo nascitur. Tam fecunda illis aliorum vitae paenitentia est! Infra hos Engada oppidum fuit, secundum ab Hierosolymis fertilitate palmetorumque nemoribus, nunc alterum bustum. Inde Masada castellum in rupe, et ipsum haut proc¿ú Asphaltite». Le corpus des textes anciens concernant les Esséniens a été réuni par A. Adam, Antike Berichte über die Essener, et un bon nombre de ces textes se trouvent traduits dans A. Dupont-Sommer, Les écrits esséniens découverts près de Ia mer Morte, Paris 1960. 2 On trouvera les références dans Ia bibliographie plinienne de Kl. SaIlmann, Lustrum (1975) pp. 136-41. Mise au poin récente sur les fouilles de Qumran dans SDB, Qumran (1979, E. M. Laperrousaz).
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