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Pline et les grammairiens: Le Dubius sermo dans Ie haut moyen âge
C'est pendant les dernières années du règne de Néron, vers 65-68, que Pline composa Ie Dubius sermo, ouvrage de linguistique dont Ie titre pourrait être rendu par «Les hésitations de Ia langue». Le sujet ne déchaîne pas l'enthousiasme de son neveu, qui dit avec une certaine condescendance que Pline s'y consacra «ä une époque où l'état de servitude rendait dangereux tout travail intellectuel tant soit peu libre et élevé» 1, laissant entendre que son oncle, après avoir écrit des ouvrages d'histoire, ou encore ce Studiosus, institution oratoire avant Ia lettre 2 , s'était, par prudence, rabattu sur un sujet mineur, en tout cas neutre, peu compromettant, technique à souhait, comme s'il faillait à tout prix excuser Ie grand homme de s'être abaissé à écrire sur des questions de grammaire. Le ton même de Pline Ie jeune montre qu'il n'est pas exempt des préjugés de son temps en cette matière, et contraste avec ce que dit Pline lui-même dans Ia préface de son Histoire Naturelle.«On pourrait, écrit-il à Titus, ajouter beaucoup à mes livres, et non seulement au présent livre, mais à tous ceux que j'ai déjà publiés —cela pour me mettre à l'abri, en passant, de ces fustigeurs d'Homère (tel est bien Ie nom qu'ils méritent)—, car j'entends dire que Stoïciens, Péripatéticiens, et même Epicuriens —pour les grammairiens, je m'y suis toujours attendu— sont en mal de critique contre mes livres sur Ia grammaire, mais ne cessent d'avorter depuis dix ans. Les éléphants
1 Dubii sermonis octo, scripsit sub Neronis nouissimis annis, cum omne studiorum genus paulo liberius et erectius periculosum seruitus fecisset (Plin. iun. 3 ,5, 5). 2 Studiosi tres ... quibus oratorem ab incunabulis instiíuit et perficit (ibid.).
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