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Nature, culture et poesie dans les Géorgiques de Virgile
Quand Virgile lut les savants, Aristote entre autres, et Théophraste, et Varron 1, il n'y vit pas seulement biologie et botanique, il n'entreprit point les Géorgiques seulement pour les transcrire. Mais sa rêverie, nous semble-t-il, vit dans cette réflexion sur Ie donné naturel, dans cette rencontre de Ia raison et de Ia praxis, dans cette insertion de l'imaginaire dans Ie réel, l'occasion de donner à Ia fois un de rerum natura et un art poétique. Il ne s'agit pas de négliger l'aspect politique ou religieux, ou simplement pratique du poème, mais nous voulons tenter d'éclairer quelques points des Géorgiques qui nous paraissent relever de ce qu'on pourrait appeler Ia philosophie de Ia nature de Virgile. Eloge du Travail: labor omnia uicit improbus 2. En quelques vers fort denses, Virgile concilie plusieurs traditions dans ce qu'il est convenu d'appeler son éloge du travail 3 . «Le père des Dieux lui-même a voulu que soit difficile Ia route de l'agriculture...». La métaphore de Ia route, uia, est en elle-même déjà intéressante. Le sens de uia. Dans ses Recherches sur les agronomes latins 4 , R. Martin conteste les sens que l'on a donnés traditionnellement au mot uia.
1 Les sources techniques de Virgile sont très controversées; cf. par ex., J. Perret, Virgile l'homme et l'oeuvre (Paris 1952) p. 55 ss. 2 G. I 145-46. 3 G. I 121 ss. 4 R. Martin, Recherches sur les agronomes latins (Paris 1971).
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